vendredi 3 février 2012

Maison Ikkoku

Pour les anciens du Club Dorothée, qui ne se souviens pas du fameux "Juliette, je t'aime, Juliette, je t'aime" chanté par Bernard Minet? En effet, la série diffusée par TF1 n'est autre que la version française de l'animé japonais "Maison Ikkoku", tiré du manga éponyme.



Lorsque j'étais enfant, je n'aimais pas particulièrement cette série. Peut-être était-ce dû à l'abominable voix de Juliette, qui avait le don de me déchirer les tympans avec ses "Monsieur Hugo".
De plus, certaines choses demeuraient imcompréhensibles pour moi. C'est seulement maintenant, en tant qu'adulte, que j'ai pu me rendre compte que la version française avait été édulcorée pour la rendre accessible à un jeune public, enlevant ainsi certains éléments indsipensables à la compréhension de l'histoire. Par exemple, à l'époque, je trouvais amusants les personnages toujours d'humeur joyeuse lorsqu'ils buvaient de la limonade... J'étais loin de me douter qu'il s'agissait des effets du saké à l'occasion de leurs innombrables beuveries telles qu'elles sont présentées dans la version originale de l'animé ou la version française papier du manga! De même, certains passages à connatation sexuelle, certes peu nombreux, ont carrément été coupés... Bref, je n'avais pas gardé un souvenir impérissable de ce dessin animé, jusqu'au jour où...

Un jour occupée à surfer sur la vague de la nostalgie, je suis tout à fait par hasard tombée sur un site recensant un nombre impressionnant de dessins animés destinés à la jeunesse ( www.planete-jeunesse.com ) Petit à petit j'ai retrouvé ceux de mon enfance, Musclor, Olive et Tom, Gwendoline et ... Juliette je t'aime. Quelle mouche m'a donc piquée d'aller taper ce nom sur un célèbre site de partage de vidéos alors même qu'il n'évoquait pas les mêmes souvenirs attendris que Lucile? Je l'ignore encore, mais lorsque j'ai commencé à visionner l'un des tout derniers épisodes de la série en français (lorsque Hugo/Godai-san se présente au beau-père de Juliette/Kyoko pour la demander en mariage), j'ai fini par me dire qu'il fallait peut-être commencer par le début, en version originale tant qu'à faire...


Et comment dire... ce fut un vrai coup de foudre pour cette histoire d'amour aux personnages si attachants. À commencer par l'opening japonais qui n'a strictement rien à voir avec la niaiserie à laquelle nous autres petits français avons eu droit. Kannashimi Yo Konnichiwa (Bonjour tristesse), rien que le titre de la chanson nous indique un registre d'émotion bien différent de ce que nous chante Bernard Minet à propos de la maison où tout le monde est heureux. La mélancolie reste présente dans l'ending, Ashita hareruka (Fera-t-il beau demain). Ces deux chansons donnent le ton de l'histoire, même si les purs instants de comédie sont légions! À noter que sur les 96 épisodes que compte la série, on compte 5 openings et 6 endings. J'avoue ma (très) nette préférence pour le premier ending.


Pour continuer dans le registre musical, je précise que la bande son de Kenji Kawai est très soignée, c'est un vrai plaisir que d'écouter certains morceaux. Certains groupes populaires au Japon à l'époque y ont également contribué, ainsi que Gilbert O' Sullivan dont les morceaux Alone again et Get down sont respectivement opening et ending de l'épiosde 24.

Les voix des personnages dans la version japonaise constituent une deuxième bonne surprise, notamment celle de Kyoko, très loin de celle dont on l'a affublée dans la version française. Ce n'est plus la voix aigue et enjouée de Déborah Perret mais celle de l'actrice Mariko Ishihara, bien plus douce. C'est une voix qui, d'après moi, correspond davantage au personnage. Concernant les autres personnages, il n'y a rien à redire, la voix française colle plutôt bien à celle de la version originale.



Il n'y a pas que la bande son qui a attiré mon attention, loin s'en faut, c'est avant tout l'histoire qui nous est contée qui m'a enchantée. Bien plus que lorsque j'était enfant, cela va sans dire... En effet, comment résister à ce chassé-croisé amoureux où l'émotion alterne avec le rire?
La part d'émotion est assurée par la relation entre Kyoko/Juliette et Godai/Hugo, entre la jolie concierge de la maison Ikkoku et le jeune étudiant raté. Tout part du coup de foudre de Godai pour la nouvelle venue alors que lui-même s'apprêtait à partir, excédé par les taquineries de ses hilarants et encombrants voisins. Au fil du temps, nous verrons ce coup de foudre évoluer vers un amour sincère et véritable de la part du jeune homme, mais l'incertitude planera longtemps quant aux sentiments de Kyoko/Juliette envers Godai/Hugo, notamment en raison de la présence pressante d'un concurrent sérieux, le séduisant et richissime professeur de tennis, Shun/François. L'ombre d'un quatrième homme, le défunt mari de Kyoko, plane également sur la relation entre Godai et Kyoko, cette dernière craignant d'oublier celui qu'elle a épousé à peine sortie de l'école si elle tombe de nouveau amoureuse.

Cette histoire, qui se déroule sur plusieurs années, donne également l'occasion de voir le quotidien peu évident des étudiants japonais, qui, je pense, n'a pas dû changer beaucoup ces trois dernières décennies. En effet, au début du manga, Godai/Godai est un ronin, étudiant sans université car il a raté ses examens d'entrée. Il sera finalement admis dans une université, mais celle-ci semble ne pas jouir d'une excellente réputation, ce qui constitue un obstacle au moment d'entrée dans la vie active. Nous le verrons se dépatouiller pour gagner de l'argent et effectuer divers petits boulots pour assurer sa subsistance. Sa seule motivation est d'obtenir son diplôme afin de pouvoir enfin épouser celle qu'il aime et assurer leur avenir.



Hormis les principaux protagonistes, la mangaka Rumiko Takahashi nous a inventé une galerie de personnages plutôt loufoques qui ont pour principale particularité de créer quiproquos et autres malentendus entre Kyoko et Godai, provoquant la jalousie de l'une et la honte de l'autre (pour notre plus grand plaisir, soyons honnête!). Rapide passage en revue des principaux fauteurs de troubles: Akemi, la rousse exhibitionniste, Yotsuya, dont le métier reste un mystère mais assurément voyeur et profiteur, madame Ichinose, alcoolique et curieuse et son fils Kentaro, probablement le plus normal de la bande... Ces derniers ont pour victime principale Godai, qu'ils ne cessent de harceler, en choisissant notamment sa chambre pour leurs innombrables beuveries. Ce sont ces personnages qui assurent notamment le ressort comique du manga, même si Godai se retrouvant dans des situations improbables n'est pas en reste...

Bref, cette série reste un plaisir à regarder et à lire, même si elle est franchement datée. En effet, elle est ancrée dans les années 80 où le téléphone mobile n'existait pas. De nos jours, nombre de malentendus entre Kyoko et Godai auraient pu être évités grâce à un simple coup de fil. Et années 80 obligent, on n'échappe pas à la mode vestimentaire de l'époque, entre jolies chemisiers à volants et autres serre-têtes plus vraiment au goût du jour...
Maison Ikkoku, c'est un joli retour en arrière pour les nostalgiques et une découverte à faire pour ceux qui n'ont pas connu ces belles années.
À noter, le manga a également été adapté en drama.

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